C’est une question que de nombreux entrepreneurs se posent, surtout au moment de créer leur entreprise ou de franchir un cap dans leur développement. Faut-il vraiment faire appel à un expert-comptable dès le départ ? Est-ce une obligation légale, ou simplement un confort ? Et que risque-t-on si l’on décide de s’en passer ?
Vous avez peut-être entendu des discours contradictoires : certains vous diront que ce n’est pas nécessaire, que vous pouvez gérer seul(e) avec un bon logiciel. D’autres vous recommanderont de vous entourer tout de suite. Alors qui croire ?
Chez Osmose, nous pensons que cette décision ne doit pas être prise à la légère. Car derrière cette question se cache une vraie problématique : comment concilier autonomie entrepreneuriale, conformité aux règles fiscales et sociales, et pilotage efficace de votre entreprise ?
Ce que dit vraiment la loi (et ce qu’elle ne dit pas)
Commençons par le plus simple : non, la loi ne vous impose pas de recourir à un expert-comptable. Que vous soyez en micro-entreprise, en société (SASU, EURL, SARL…), ou à la tête d’une association ou d’une SCI, vous avez tout à fait le droit de tenir vous-même votre comptabilité.
Mais ce que la loi vous impose, en revanche, c’est de respecter l’ensemble des obligations comptables, fiscales et sociales propres à votre statut. Cela signifie :
Produire une comptabilité conforme au Plan Comptable Général
Établir vos déclarations fiscales dans les temps (TVA, impôt sur les sociétés, CFE…)
Émettre des bulletins de paie conformes si vous avez des salariés
Déposer chaque année votre liasse fiscale
Autrement dit, vous n’avez pas l’obligation d’avoir un expert-comptable… mais vous êtes responsable de la conformité de votre comptabilité.
« Je compare souvent ça au code de la route : vous n’êtes pas obligé de passer par une auto-école pour avoir le permis. Mais vous devez connaître le Code et savoir conduire. C’est pareil avec la comptabilité : vous pouvez la faire vous-même, mais sans droit à l’erreur. » Élisabeth Albuquerque, fondatrice du cabinet Osmose
Pour qui est-ce pertinent, même sans obligation ?
Les indépendants et micro-entrepreneurs
En micro-entreprise, la gestion semble simplifiée : pas de bilan, pas de compte de résultat, et un abattement forfaitaire pour calculer l’impôt. Pourtant, à mesure que votre chiffre d’affaires progresse ou que votre projet se structure, la complexité augmente.
Tenue de registre des recettes, franchise en base de TVA, anticipation du passage au régime réel, choix du bon statut… Tous ces sujets peuvent être source de confusion. Un expert-comptable peut vous aider à anticiper les évolutions, éviter les erreurs coûteuses et poser des bases solides pour la suite.
Vous pouvez lire notre article pourquoi choisir un expert-comptable quand on est une TPE pour en savoir plus.
Les sociétés soumises au régime réel
Pour les SARL, SAS, EURL, SASU… au régime réel, les obligations sont plus lourdes. Il ne s’agit plus seulement de noter ses recettes, mais de :
Saisir les écritures comptables selon les règles du PCG
Établir un bilan, un compte de résultat, une annexe
Gérer la TVA, l’impôt sur les sociétés, les cotisations sociales
Éditer des fiches de paie si vous vous versez une rémunération
Sans accompagnement, les risques d’erreurs, de retards ou de redressements fiscaux sont bien réels. Et les conséquences peuvent être lourdes, surtout pour une jeune entreprise.
« Beaucoup d’entrepreneurs nous contactent après avoir reçu une lettre de relance de l’administration. Ce n’est jamais une bonne façon de démarrer une relation… alors que tout aurait pu être anticipé. »
Les structures spécifiques (associations, subventionnées, holdings…)
Certaines entités, comme les associations recevant des subventions publiques ou les entreprises dépassant certains seuils, peuvent être soumises à des obligations de désignation d’un commissaire aux comptes. Même en l’absence de cette contrainte, le recours à un expert-comptable est souvent recommandé pour garantir la transparence des comptes et rassurer les financeurs.
| Statut ou régime | Expert-comptable obligatoire ? | Obligations comptables |
|---|---|---|
| Micro-entreprise | Non | – Livre des recettes – Registre des achats (si activité commerciale) – Aucune liasse fiscale – Pas de bilan ni compte de résultat |
| SASU / EURL à l’IR (sans salarié) | Non | – Tenue comptable selon le Plan Comptable Général – Déclarations fiscales (IR, TVA si non franchise) – Dépôt des comptes au greffe si IS optionné |
| SARL / SAS au régime réel | Non, mais fortement recommandé | – Comptabilité d’engagement obligatoire – Bilans annuels, compte de résultat, annexes – Déclarations fiscales (TVA, IS, etc.) – Tenue des livres comptables obligatoires |
| Association subventionnée (+153 000€ CA) | Souvent obligatoire | – Nomination d’un commissaire aux comptes – Comptes annuels certifiés – Rapport de gestion |
| SCI à l’IR | Non | – Comptabilité simple recommandée – Déclarations 2072 à déposer annuellement |
| Entreprise avec salariés | Non, mais accompagnement recommandé | – Émission de bulletins de paie – Déclarations sociales (DSN) – Respect du droit du travail |
Et si vous choisissez de vous en passer : quels risques concrets ?
Il est tout à fait possible de gérer votre comptabilité seul(e), surtout si vous êtes à l’aise avec les chiffres et que vous avez du temps. Mais il est essentiel de bien mesurer les conséquences potentielles :
1. Risque de non-conformité
Même avec un logiciel performant, il est facile de mal paramétrer un plan comptable, d’oublier une déclaration, ou d’interpréter à tort une règle fiscale. Une erreur peut entraîner des pénalités, un contrôle, voire un redressement.
2. Perte de temps et d’énergie
Passer ses soirées à classer des factures, chercher des justificatifs ou comprendre le fonctionnement de la TVA peut devenir chronophage. C’est autant de temps en moins pour développer votre activité ou prendre du recul stratégique.
3. Isolement stratégique
L’expert-comptable, ce n’est pas qu’un technicien. C’est aussi un interlocuteur de confiance pour challenger vos idées, vous alerter sur des opportunités ou des dangers, et vous accompagner dans vos choix de gestion.
« Le rôle d’un expert-comptable, ce n’est pas juste de faire les comptes. C’est d’aider l’entrepreneur à prendre des décisions éclairées. Et souvent, cela change la donne. »
Pourquoi faire appel à un expert-comptable ?
Comme nous venons de le voir, faire appel à un expert-comptable n’est pas obligatoire, quel que soit le régime juridique de votre entreprise. Aucune loi ni aucun règlement ne vous oblige à recourir à ses services afin de ne pas imposer des contraintes qui peuvent être perçues comme lourdes pour les petites entreprises et les activités nouvellement créées.
Alors, pourquoi se faire accompagner par ce professionnel des chiffres, s’il est possible de s’en passer, de gérer soi-même sa comptabilité, et de faire ainsi des économies ? En réalité les missions traditionnelles de l’expert-comptable sont nombreuses. D’ailleurs, Voici toutes les bonnes raisons d’avoir un expert-comptable :
- Externaliser sa comptabilité et sa fiscalité permet de confier cette tâche à une personne qualifiée, compétente et détentrice d’un réel savoir-faire.
- Faire appel à un expert-comptable permet d’éviter les erreurs et les pénalités en cas de contrôle. Faire appel aux services d’un cabinet d’expertise-comptable par le biais d’une lettre de mission permet donc de gagner en sérénité.
- Confier sa comptabilité, c’est s’acquitter des obligations comptables et fiscales et avoir plus de temps pour son activité et son cœur de métier.
- Avoir un expert-comptable, c’est bénéficier de conseils de qualité, actualisés et adaptés à chaque situation. Ce professionnel gère effectivement les obligations comptables, fiscales et juridiques, mais les missions de l’expert-comptable vont bien au-delà. Véritable co-pilote du chef d’entreprise, il est en mesure de vous conseiller, et de vous accompagner dans toutes les phases décisives de la vie de l’entreprise. Il est capable d’attirer votre attention sur les risques d’un projet, tout comme sur les opportunités qui peuvent se présenter à vous !
- Recourir à l’aide d’un expert-comptable c’est aussi être informé des nouvelles lois en vigueur. La loi évolue constamment et ne pas être au courant des dernières obligations juridique ou fiscales peut vous coûter cher.
Sans oublier, les nouvelles missions de l’expert-comptable qui évoluent avec, notamment, la digitalisation des processus.
Combien coûte un expert-comptable ?
Les honoraires varient selon plusieurs critères : la taille de votre structure, le volume d’écritures, les outils que vous utilisez (facturation en ligne, synchronisation bancaire…), et l’étendue des missions confiées.
Mais dans la majorité des cas, les économies que vous réalisez grâce à ses conseils dépassent largement son coût. Meilleure gestion de votre rémunération, récupération de TVA, choix de statut fiscal… chaque optimisation compte. N’hésitez pas à lire notre article sur le coût d’un expert-comptable.
« Un bon expert-comptable ne coûte pas cher. Il fait gagner beaucoup. En impôts, en temps… et parfois même en sérénité. »
Ce que vous devez retenir
Avoir un expert-comptable n’est pas obligatoire, mais fortement recommandé. En effet, les avantages de l’expert-comptable pour toute entreprise ne sont plus à démontrer. Pour bien choisir votre expert-comptable, n’oubliez pas de vérifier son inscription au tableau de l’Ordre. Vous pouvez également lire notre article complet sur comment bien choisir un expert-comptable ou nous contacter, tout simplement.
