On parle souvent d’autofinancement comme d’un mot magique réservé aux financiers. Pourtant, derrière ce terme un peu austère, il s’agit d’une réalité très simple : financer vos projets avec vos propres moyens. Ni banquier, ni investisseur externe, juste votre entreprise et sa capacité à générer des ressources.
Mais attention : l’autofinancement n’est pas réservé à tous les dirigeants. Si vous êtes créateur d’entreprise et que votre activité ne dégage pas encore de bénéfices, vous n’êtes pas concerné à court terme. En revanche, si votre société réalise des résultats positifs et que vous envisagez de développer un nouveau projet, d’investir dans du matériel ou de renforcer votre trésorerie, alors ce sujet vous touche directement.
Pourquoi est-ce important ? Parce que l’autofinancement vous donne de la liberté stratégique. Pas besoin de convaincre un banquier ou de négocier un crédit. Vous décidez, vous arbitrez, et vous gardez la main. Mais cette indépendance comporte aussi des pièges : vider sa trésorerie trop vite, financer le mauvais projet, ou oublier de garder un coussin de sécurité.
Si vous ne vous sentez pas concerné, passez votre chemin. Mais si vous voulez piloter votre entreprise avec davantage d’autonomie, l’autofinancement est un levier à connaître, maîtriser… et manier avec discernement.
Pourquoi maîtriser l’autofinancement est stratégique
L’autofinancement, c’est d’abord une garantie d’indépendance. En utilisant vos propres fonds, vous réduisez votre dépendance aux banques et limitez les contraintes liées aux conditions de crédit. C’est un moyen de préserver votre liberté de décision.
C’est aussi un outil de résilience. Une trésorerie bien gérée vous protège contre les retards de paiement clients, les imprévus ou encore la hausse soudaine de charges. Comme le rappellent les bonnes pratiques de gestion de trésorerie partagées par Bpifrance et d’autres organismes, anticiper vos besoins vous permet de transformer l’autofinancement en véritable bouclier stratégique.
Enfin, l’autofinancement est un indicateur de solidité financière. Une entreprise capable d’autofinancer ses investissements inspire confiance à ses partenaires, fournisseurs et investisseurs.
Comment calculer et interpréter votre capacité d’autofinancement (CAF)
L’outil central de l’autofinancement, c’est la CAF, ou Capacité d’Autofinancement. Elle correspond au cash généré par l’activité, après impôts, mais avant la distribution de dividendes.
En pratique, son calcul se résume ainsi : Résultat net + Dotations aux amortissements – Produits de cession d’actifs + Charges calculées non décaissées. Dit autrement : ce que votre entreprise produit réellement comme ressources internes, indépendamment des artifices comptables.
Pour aller plus loin, nous avons consacré un article complet à ce sujet : CAF : maîtrisez cet indicateur clé de votre trésorerie. Vous y trouverez une méthode détaillée et des conseils pour interpréter vos résultats en tant que dirigeant.
Les erreurs fréquentes des dirigeants
Trop de chefs d’entreprise tombent dans les mêmes pièges :
Utiliser toute la trésorerie disponible pour un investissement, sans garder de réserve. Résultat : au moindre imprévu, l’entreprise se retrouve en difficulté de paiement.
Financer des projets peu rentables uniquement parce qu’ils sont possibles sans emprunt, alors que le retour sur investissement est faible.
Sous-estimer le besoin en fonds de roulement (BFR), c’est-à-dire le décalage entre encaissements clients et décaissements fournisseurs. Une erreur fréquente qui fragilise même les entreprises rentables.
Négliger le pilotage financier : sans calcul précis de la CAF, on prend des décisions « à l’instinct » qui se retournent souvent contre soi.
Autofinancement ou emprunt ? Le bon arbitrage
L’autofinancement n’est pas toujours la solution idéale. Emprunter peut être pertinent si :
le coût du crédit est inférieur à la rentabilité attendue du projet,
l’autofinancement mettrait en danger votre trésorerie de sécurité,
vous voulez lisser l’effort financier dans le temps.
La meilleure approche consiste à combiner les deux. Un plan de financement construit pas à pas vous aide à arbitrer objectivement entre autofinancement et emprunt, en fonction de vos marges, de vos projets et de votre trésorerie disponible.
Critère | Autofinancement | Emprunt bancaire | Ce qu’en pense Osmose |
---|---|---|---|
Source du financement | Résultats dégagés par l’activité | Crédit bancaire | Commencez par exploiter la CAF, complétez si nécessaire |
Coût financier | Aucun (hors dividendes non distribués) | Intérêts bancaires (souvent déductibles) | Comparez la rentabilité du projet au coût du crédit |
Impact sur trésorerie | Sortie immédiate des fonds | Décaissements échelonnés | Gardez un coussin de sécurité de 3 à 6 mois |
Flexibilité | Très élevée | Négociée avec la banque | Mélangez les deux selon vos priorités |
Risques | Tension de trésorerie si mal anticipé | Endettement, contraintes bancaires | Trouvez l’équilibre ; ne financez jamais « à l’aveugle » |
Le rôle clé de l’expert-comptable
L’autofinancement ne se résume pas à une formule. Il nécessite une vision globale : calcul précis de la CAF, analyse du BFR, arbitrage stratégique, sécurisation de la trésorerie.
C’est précisément là que l’expert-comptable devient un allié indispensable. Il traduit vos chiffres en décisions claires, anticipe les risques et vous accompagne dans le choix du mode de financement adapté.
« Le dirigeant n’a pas besoin de tout comprendre. Il a besoin d’être sûr qu’il n’oublie rien. » — Élisabeth Albuquerque
Les actions concrètes à mettre en place
Calculez votre CAF régulièrement (au moins une fois par an).
Mettez en place un suivi mensuel de trésorerie et de BFR.
Ne consacrez jamais 100 % de votre trésorerie à un seul projet.
Élaborez un plan de financement équilibré entre fonds propres et emprunt.
Faites valider vos arbitrages par votre expert-comptable.
Relisez le guide stratégique sur l’optimisation de la date de clôture, qui impacte directement vos marges de manœuvre en trésorerie.
Et maintenant, à vous de piloter vos choix financiers
L’autofinancement est un formidable outil de liberté, mais aussi un terrain glissant si vous l’abordez sans méthode. Avec un calcul rigoureux, une trésorerie sécurisée et un accompagnement adapté, il devient un levier puissant pour votre stratégie. La clé n’est pas de tout financer seul… mais de savoir quand et comment le faire.