En théorie, la facturation électronique, c’est l’avenir. En pratique, c’est surtout un grand virage réglementaire à négocier sans sortir de route. À compter du 1er septembre 2026, toutes les entreprises devront être capables de recevoir des factures électroniques, et dès le 1er septembre 2027, les émettre. Et pour cela, il faudra passer par une PDP – Plateforme de Dématérialisation Partenaire – agréée par l’État. Alors, comment choisir la bonne dans une offre qui s’étoffe et s’annonce (très) hétérogène ? Voici les critères à ne pas ignorer si vous voulez une facturation fluide, conforme, et sans mauvaise surprise.
À quoi sert une PDP ?
La réforme s’organise autour d’un schéma en « Y » : les factures passent par des PDP privées, qui communiquent entre elles et transmettent certaines données au Portail Public de Facturation (PPF). Ce dernier joue désormais un rôle limité d’annuaire et de concentrateur. Pour fonctionner, le tout repose sur une interconnexion entre plateformes et sur un annuaire national qui permet d’identifier la bonne PDP de réception.
Concrètement, votre PDP va :
- convertir vos factures au bon format,
- les envoyer aux bons destinataires,
- récupérer les factures qui vous sont destinées,
- transmettre les données requises à la DGFIP.
C’est donc le nœud stratégique de votre futur système de facturation électronique et il est important de vous faire accompagner par un expert-comptable réputé.
Premier réflexe : choisir une PDP immatriculée
Au 1er mai 2025, 87 PDP sont déjà immatriculées, sous réserve d’être auditées et raccordées techniquement. Pour être valide, une PDP doit :
- respecter le cahier des charges de l’administration,
- être raccordée au PPF,
- interagir avec au moins une autre PDP,
- passer un audit par un organisme tiers indépendant.
En clair : vérifiez que votre prestataire est dans la liste officielle publiée par l’administration fiscale, et que son immatriculation n’est pas purement déclarative. C’est la base.
Critère n°1 : la conformité et la sécurité
Une PDP sérieuse doit :
- être ISO 27001 (gestion de la sécurité de l’information),
- intégrer idéalement un hébergement certifié SecNumCloud,
- être conforme au RGPD,
- assurer une traçabilité complète des flux,
- proposer un archivage à valeur probante.
Ne vous contentez pas d’une promesse : demandez les preuves de certification. En cas de contrôle ou de litige, vous serez content d’avoir creusé.
Critère n°2 : l’interopérabilité
C’est le nerf de la guerre. Votre PDP doit pouvoir :
- envoyer et recevoir des factures depuis/vers d’autres PDP,
- dialoguer avec vos outils de gestion ou votre cabinet comptable,
- être connectée aux principaux outils de production comptable, de caisse ou de pré-comptabilité.
Une PDP sans connecteurs, c’est comme un téléphone sans réseau. On peut l’admirer, mais pas s’en servir.
Critère n°3 : les services associés
Certaines PDP intègrent aussi des fonctions d’opérateur de dématérialisation (OD) : pré-imputation comptable, tableaux de bord, signature électronique, portail client, intégration bancaire, application mobile… Plus les services sont intégrés, plus vous gagnerez en productivité.
Vérifiez aussi que votre PDP est capable de gérer :
- plusieurs entités juridiques,
- différents formats de factures,
- les cas d’usage complexes (les fameux 36 scénarios identifiés par la réforme).
Critère n°4 : la solidité de l’éditeur
Vous vous engagez pour plusieurs années. Méfiez-vous des offres « à la mode » issues de start-up qui pourraient changer de stratégie ou de propriétaires sans crier gare. Renseignez-vous sur :
- l’actionnariat,
- les partenariats,
- la pérennité financière,
- l’orientation stratégique du fournisseur.
Optez pour un acteur solide, idéalement déjà reconnu dans l’édition de logiciels comptables, de gestion ou dans le monde bancaire.
Critère n°5 : le contrat (et les petites lignes)
De nombreux éditeurs reconvertissent leurs offres OD en PDP. Lisez très attentivement les conditions :
- que se passe-t-il si la PDP perd son immatriculation ?
- que deviennent vos données en cas de rachat ?
- quel est le plan de sortie si vous changez de prestataire ?
Attention aussi aux PDP en marque blanche : certaines entreprises commercialisent un service PDP mais utilisent une autre plateforme en back-office sans toujours le dire. Ce manque de transparence peut poser problème si la plateforme technique n’est pas clairement identifiée dans le contrat.
Critère n°6 : les tests et l’accompagnement
Un bon prestataire doit :
- vous proposer une phase de test dès 2025,
- vous accompagner dans le paramétrage,
- vous aider à cartographier vos flux,
- et prévoir un support réactif en cas d’anomalie ou de blocage.
Ne signez pas avec une PDP sans avoir vu l’outil fonctionner. La promesse, c’est bien. La démonstration, c’est mieux.
Critère n°7 : le prix… mais pas seulement
Les offres sont encore en construction, mais globalement raisonnables : quelques euros par mois pour une TPE. Certaines proposent des modèles freemium (PDP gratuite + services OD payants). Attention aux effets d’annonce : une PDP pas chère mais mal interopérable peut vous coûter cher en temps perdu.
Le vrai enjeu, c’est le coût global du flux : si la PDP de votre client ne communique pas bien avec la vôtre, c’est toute votre chaîne de facturation qui s’enraye.
Un choix technique, mais aussi stratégique
Choisir une PDP n’est pas une tâche à sous-traiter à la légère. Ce n’est pas juste un prestataire de plus, c’est la colonne vertébrale de votre facturation électronique. Elle doit être fiable, évolutive, interopérable et sécurisée.
Chez Osmose, on accompagne nos clients et partenaires dans cette transition pour que la facture électronique ne soit pas une contrainte, mais une opportunité d’automatiser, d’optimiser et de fluidifier les process. Le tout, sans perdre une facture au passage.