Gratification de stage : tout savoir sur le montant de l’indemnité

Article mis à jour en mai 2025

Prendre un stagiaire, ce n’est pas simplement “rendre service à un jeune” ou “tester quelqu’un à moindre coût”. C’est une véritable collaboration professionnelle – encadrée, réglementée, et parfois mal comprise. Et s’il y a bien un point sur lequel les entreprises, surtout les petites, peuvent se faire piéger, c’est la gratification.

Et pourtant, ce n’est ni compliqué… ni accessoire. En 2025, tout est une question de durée, de seuils, de bon sens – et un peu de rigueur administrative, bien sûr.

Mais reprenons depuis le début.

Gratification de stage : d’où ça vient, à quoi ça sert ?

Historiquement, le statut du stagiaire a longtemps été flou. Dans les années 90, on parlait souvent de « main-d’œuvre gratuite ». Puis, face aux abus croissants, le législateur a dû intervenir pour encadrer ces stages et fixer des règles plus équitables.

C’est la loi du 31 mars 2006 (dite « loi pour l’égalité des chances ») qui a posé les premières bases d’une gratification obligatoire. La réglementation s’est ensuite précisée avec la loi du 22 juillet 2013, puis celle du 10 juillet 2014, qui a renforcé les droits des stagiaires.

Aujourd’hui, la gratification est obligatoire dès que le stage dépasse une certaine durée, et ce quel que soit le secteur ou la taille de l’entreprise.

« Trop de dirigeants pensent encore que la gratification est une faveur. En réalité, c’est une obligation dès lors qu’on franchit le seuil des deux mois. » — Élisabeth Albuquerque

Mais attention, il ne s’agit ni d’un salaire, ni d’un contrat de travail. Le stagiaire reste un apprenant, et sa gratification est une indemnité compensatoire, sans lien avec une performance attendue. Elle reconnaît le temps de présence et l’investissement fourni, tout en préservant un équilibre pédagogique.

Les règles du jeu en 2025

En 2025, la réglementation reste stable, mais il est essentiel de connaître les chiffres clés pour éviter toute mauvaise surprise.

La règle est simple :

  • Gratification obligatoire si la durée du stage dépasse 2 mois consécutifs ou non (soit 308 heures),

  • Gratification facultative en dessous de ce seuil (mais elle reste vivement conseillée pour valoriser l’engagement du stagiaire).

Combien verser ? Le montant minimum légal

Le montant légal minimum est indexé sur le plafond horaire de la Sécurité sociale, qui est resté à 29 € en 2025. La gratification correspond à 15 % de ce plafond, soit :

➡️ 4,35 € par heure de présence effective

Pour un temps plein (7 heures par jour), cela représente environ 600 à 670 € par mois, selon le nombre de jours ouvrés.

« On voit encore des conventions avec des montants ronds au doigt mouillé. Mauvaise idée : mieux vaut appliquer précisément les taux. »

Ce montant est le minimum légal. Certaines entreprises, notamment dans les secteurs techniques ou concurrentiels, choisissent de verser davantage pour attirer des profils qualifiés. C’est légal – et souvent bienvenu – tant que cela ne masque pas une relation de travail déguisée.

Comment la verser ? Les deux options possibles

La gratification doit être versée chaque mois, et deux méthodes sont possibles :

  1. Paiement au réel : vous calculez les heures effectivement réalisées dans le mois et appliquez le taux (4,35 €).

  2. Lissage : vous divisez la gratification totale due sur la durée du stage en parts égales, ce qui simplifie la gestion.

Exemple concret : Un stage de 3 mois à temps plein (7 heures par jour ouvré), du 1er janvier au 31 mars 2025 :

  • Janvier : 154 heures → 669,90 €

  • Février : 140 heures → 609,00 €

  • Mars : 147 heures → 639,45 €

  • Total : 1 918,35 €

Avec le lissage, vous pouvez verser : 639,45 € par mois.

Et les charges sociales ? Les exonérations en vigueur

Tant que vous respectez le minimum légal (4,35 €/h en 2025), vous bénéficiez de l’exonération de charges sociales, y compris la CSG, CRDS, mutuelle, etc.

En revanche, si vous versez plus que ce minimum, la part excédentaire devient soumise aux charges classiques.

Côté fiscalité, bonne nouvelle pour le stagiaire : la gratification est exonérée d’impôt sur le revenu dans la limite du SMIC annuel brut (21 273 € en 2025).

Durée hebdomadaire du stageGratification minimale mensuelle (2025)
7 heures / semaine127,05 €
14 heures / semaine254,10 €
21 heures / semaine381,15 €
28 heures / semaine508,20 €
35 heures / semaine635,25 €

Que doit faire l’entreprise ?

Voici les obligations légales à respecter :

  • Mentionner la gratification dans la convention de stage,

  • Respecter les seuils et les méthodes de calcul,

  • Payer mensuellement,

  • Fournir une attestation de stage à la fin.

Et si le stage dépasse 2 mois, il faudra également respecter certaines règles RH :

  • Décompte précis du temps de présence,

  • Intégration dans le registre unique du personnel,

  • Accès aux titres-restaurant si les salariés en bénéficient.

« Mieux vaut bien cadrer le stage dès le départ. Sinon, ça peut vite ressembler à un contrat déguisé… et là, on entre dans une toute autre dimension juridique. »

Ce qu’il faut retenir (et surtout appliquer)

Vous l’avez compris : bien gérer une gratification de stage, ce n’est pas si compliqué. Mais c’est un sujet à ne pas prendre à la légère, surtout dans une TPE où chaque risque juridique peut peser lourd.

Et si vous doutez sur les seuils, la convention, ou le bon mode de calcul, vous pouvez toujours demander un coup de main à votre expert-comptable.

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