Crédit d’impôt pour la presse : retour sur une mesure (trop) éphémère

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Le crédit d’impôt pour les abonnements à la presse ? Il a vécu, il a (un peu) aidé, et il n’est plus. Instauré en 2021 pour soutenir un secteur particulièrement malmené par la crise sanitaire, ce coup de pouce fiscal visait à encourager les Français à s’abonner à un média d’information politique et générale. Une mesure intelligente sur le papier… mais temporaire dans les faits. 

Alors, utile ou gadget fiscal ? Faisons le point, chiffres et contexte à l’appui.

Un crédit d’impôt lancé en pleine tempête médiatique

Souvenez-vous : 2020-2021. La pandémie bat son plein, les kiosques sont désertés, la presse papier souffre et les abonnements numériques peinent à compenser la chute des ventes. Le gouvernement réagit avec une batterie de mesures de soutien, parmi lesquelles ce crédit d’impôt original, prévu par la loi de finances pour 2021 et mis en œuvre par le décret n° 2021-560 du 7 mai 2021.

Son principe ? Une réduction d’impôt équivalente à 30 % du montant payé pour un premier abonnement à un journal ou site de presse reconnu d’information politique et générale, pour une durée minimale de 12 mois. Le support pouvait être papier ou numérique. Et cerise sur le gâteau fiscal : le dispositif était accessible à tous les foyers fiscaux, sans condition de revenu. Un rare moment d’égalité fiscale…

Ce type de dispositif, aussi ponctuel soit-il, soulève toujours une question chez les contribuables : suis-je concerné ? Et comment en bénéficier sans me tromper dans ma déclaration ? Dans le doute, l’expert-comptable reste votre meilleur allié pour faire le tri entre les vraies opportunités fiscales et les mesures aux contours flous.

Mode d’emploi simple, mais exclusions nombreuses

Pas de justificatif à envoyer (ce qui, vous en conviendrez, tient du miracle quand on parle d’administration fiscale). Il suffisait de conserver la facture d’abonnement au cas où l’administration souhaite vérifier. En revanche, les abonnements via des opérateurs téléphoniques (type kiosques numériques groupés avec Netflix, Spotify et la météo) étaient exclus du dispositif. Fin du rêve pour les consommateurs de bundles.

Un impact difficile à mesurer… sauf à l’étranger

L’intention était louable, mais a-t-elle porté ses fruits ? Sur ce point, c’est le flou artistique. Aucune donnée publique détaillée n’a été publiée par Bercy concernant :

  • Le nombre d’abonnements concernés

  • Le montant total de l’avantage fiscal distribué

  • Ou l’effet sur les recettes des médias concernés

En comparaison, le Canada a lancé un dispositif similaire en 2019. Selon un rapport du Comité des finances canadien, 408 450 contribuables ont bénéficié de ce crédit d’impôt en 2021, pour un coût de 20 millions de dollars canadiens (source : Centre de fiscalité et de finances publiques de l’Université de Sherbrooke).

En France, faute de chiffres, difficile de mesurer l’efficacité réelle. Plusieurs titres de presse ont salué la mesure… tout en regrettant sa brièveté.

Une fin annoncée (et discrète)

C’est donc en catimini que le crédit d’impôt a pris fin au 1er janvier 2023, comme prévu initialement. Les abonnements signés après le 31 décembre 2022 ne sont plus éligibles.

La presse ? Elle aurait bien aimé un coup de pouce prolongé, surtout en période d’inflation sur les coûts du papier, de l’encre et de l’énergie. Mais l’État a préféré couper court. Faut-il y voir une volonté de recentrer les dépenses fiscales ? Peut-être. Ou peut-être, tout simplement, un essai qui n’a pas transformé.

Et maintenant ?

Cette mesure soulève plusieurs questions intéressantes sur la place des outils fiscaux dans le soutien à l’information :

  • Les aides fiscales ponctuelles ont-elles un réel impact si elles ne s’inscrivent pas dans la durée ?

  • Comment soutenir une presse indépendante sans créer de distorsion de concurrence ?

  • Et surtout, comment éviter que la fiscalité devienne un outil de communication plutôt qu’un levier de transformation ?

Ce que j’en pense (et que je vous recommande)

Ce genre de mesure rappelle une chose essentielle : la fiscalité peut — et doit — servir à orienter les comportements, à condition d’être pensée sur le long terme. Pour les chefs d’entreprise, artisans, professions libérales… il est toujours bon de rester informé de ces dispositifs, même ponctuels.

Et surtout : ne jamais sous-estimer la puissance d’un bon conseil fiscal. Parce qu’entre la théorie de la loi et la pratique de la déclaration, il y a parfois… un abîme. Et c’est exactement là que nous intervenons.

Besoin de faire le point sur les optimisations fiscales possibles, les aides méconnues ou les erreurs à éviter ? On en discute quand vous voulez.

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